Vierzon...
Il y a longtemps que l'idée de faire un 24 heures sur le vélo me trotte dans la tête. Cette "Banane-Berrichonne" à Vierzon proposée par le site Vélo-Vintage-à-Gogo pourrait en être l'occasion...
Bon, tracer le parcours sur B-Router ne coûte rien... Quatre cent soixante cinq kilomètres ! Ça fait un sacré morceau qu'en même...
Sans trop y croire, je m'inscris...
Puis, petit à petit l'idée fait son chemin...
J'en parle à Raphaël, avec qui j'ai déjà roulé lors du Tour-de-la-Nièvre l'an dernier, vu qu'il est de Vichy il pourrait faire le final avec moi, on pourrait se rejoindre du côté de Dompierre-sur-Besbres. Raph' est d'accord sur le principe mais il ne sais pas s'il sera disponible ce week-end là. Il chasse les BRM en vu d'une participation au Paris-Brest-Paris-2023 en août prochain...
J'en parle aussi à Daniel, compagnon de nombreuse balades vélocipédiques ces dernières années. Mon collègue chambérien accepte tout de suite de m'accompagner au moins jusqu'à Belleville-en-Beaujolais...
Tout doucement le projet se construit...
Après quelques semaines d'attente Raphaël m'annonce qu'il sera disponible, j'en informes immédiatement Daniel. Le projet est lancé !...
...
Le 25 mai 2023 à 13h30 je quitte Montailleur sur ma toute nouvelle randonneuse, une ADV que je me suis offerte récemment, elle affiche tout juste quatre mille kilomètres au compteur. Mon bagage se réduit au minimum nécessaire, une grosse sacoche "parpaing" contenant des vêtements chauds pour la nuit, de quoi affronter une éventuelle pluie, une pharmacie des affaires de toilette et pas mal de bouffe d'avance. Deux bidons de trois quart de litre dont un rempli d'un mélange de thé et de jus de fruit pour la nuit. Pour lutter contre le sommeil, deux comprimés de Guronzan (vitamines & caféine) sont prévus...
Pour ce parcours j'ai préparé une "trace GPX" empruntant le trajet le plus cours possible et pour toute la partie nocturne j'ai recherché et indiqué tous les points d'eau et toutes les toilettes publiques disponible sur ma route. Le tout est "chargé" dans mon compteur GPS, il ne reste plus qu'a se laisser guider. Mais n'ayant qu'une confiance relative à la technologie récente une traditionnelle feuille de route est préparée et disposée bien en évidence sur ma sacoche de guidon...
L'arrivée à Chambéry se fait avec un quart d'heure d'avance. Une première part de quiche est avalée, un petit coup de téléphone à ma compagne et Daniel est là. Rapides salutations et la traversée de la capitale savoyarde commence. Bien calé dans sa roue, le paysage urbain défile et rapidement nous nous retrouvons sur la piste cyclable qui mène au Bourget-du-Lac.
Là, retour sur la route. La première ascension du périple débute dès la sortie du port pour rejoindre Bourdeau puis la galerie de secours du Tunnel-du-Chat aménagée pour le passage à vélo...
La montée se fait en souplesse, il s'agit d'en garder sous la pédale, la route vers Vierzon est encore longue...
Les mille six cent mètres de galerie sont rapidement avalés et de l'autre côté c'est la très fréquentée D-1504 qui nous accueille jusqu'à Saint-Jean-de-Chevelu. Deux kilomètres en descente au milieu d'une circulation automobile dense. Au rond-point de Saint-Jean le cap est mis au sud sur la petite D-921C beaucoup plus calme qui va permettre de rejoindre Yenne de manière moins stressante...
À la sortie de la petit ville savoyarde revoilà l'horrible D-1504 mais seulement pour les trois kilomètres de la traversée des Gorges-de-la-Balme. Ce raccourci permet d'éviter pas mal de distance que ce soit au nord par Messimieu-les-Rives ou au sud par le petit Col-de-la-Crusille...
Le "vieux Rhône" est traversé par la piste cyclable "Via-Rhôna" et sa fameuse Passerelle-de-Virignin. Si son côté esthétique peut éventuellement plaire sa roulabilité est clairement horrible, pendant la traversée toute la structure se met "en résonance" et on a la sale impression que tout va se dévisser et tomber dans le fleuve !...
La Passerelle-de-Virignin...
L'autre bras du Rhône est traversée par la D-31A et son pont beaucoup plus conventionnel...
Peyzieu est rejoint à 17h20. Là, un deuxième raccourci nous attend, deux bons kilomètres de côte qui font encore gagner beaucoup de temps en évitant de suivre le Rhône jusqu'à Brégnier-Cordon. En seulement onze kilomètres Saint-Benoît est rejoint. Il est 17h45, une pause est faite a un point d'eau près de l'église du village. Une nouvelle portion de quiche est mangée...
Une pause à Saint-Benoît...
Vu l'heure, l'habituelle sympathique D-19 devient de plus en plus fréquentée et c'est avec un réel soulagement que l'on retrouve la Via-Rhôna un peu avant Sault-Brénaz. Une pause est prévu ici car c'est le premier quart du parcours, les 118 kilomètres viennent d'être atteins. C'est aussi à cet endroit que nous avions prévu de manger mais malheureusement tous les commerces sont fermés mise à part une espèce de pizzeria guère inspirante...
Quand il s'agit de manger, je laisse Daniel gérer. Il a une sorte de sixième sens concernant la bouffe, il n'est pas originaire du sud-ouest pour rien...
C'est à Lagnieu, un peu à l'écart de notre parcours, qu'il dégotte de quoi se sustenter à la terrasse d'un petit bistro bien agréable. Il est 19h30, je profite de l'arrêt pour avaler mon premier comprimé de Guronzan...
Reprendre des forces...
Après seulement trente minutes d'arrêt la randonnée reprend et le parcours est retrouvé du côté de Posafol un peu avant Sainte-Julie. Il est maintenant 20h30 et la circulation automobile est redevenue supportable. La rivière de l'Ain est traversée sur la grosse D-1084 un peu après Chazey-sur-Ain...
Une nouvelle ascension nous attend après Vilieu pour grimper sur le plateau de La-Dombe...
Contrairement à la majorité des cyclo-randonneurs j'aime bien traverser La-Dombe, c'est plat et reposant, surtout à cette heure là.
Calé dans la roue de Daniel j'admire le couché du soleil...
Dans le roue de Daniel...
Une nouvelle pause est faite au pays des oiseaux, à Villard-les-Dombes. Nous buvons un soda à la terrasse d'un petit restaurant encore ouvert.
Il est maintenant 21h45 et la nuit est bien installée. Vêtus de nos gilets réfléchissants, tous deux équipés de moyeu-dynamo et d'éclairage à LED nous filons à bonne allure. Un rapide arrêt-grignotage est fait à Saint-Trivier-sur-Moignans...
Un rapide arrêt-grignotage...
Les treize kilomètres qui nous sépare de Belleville-en-Beaujolais sont roulés en une demi-heure. Ce gros nœud routier d'ordinaire très stressant pour les cyclistes se passe très bien à cette heure avancée...
C'est à 23h qu'un banc publiques nous accueil pour notre ultime pause ensemble. Daniel m'offre son dernier pain au raisin que m'empresse de dévorer. Un quart d'heure plus tard nous nous quittons devant la porte de son hôtel. Salut l'ami et merci pour ce "bout de conduite" ! À bientôt Daniel !...
Je me remet en selle et termine la traversée de Belleville-en-Beaujolais...
À la sortie de la ville, la route fait place à une piste cyclable, la Voie-Verte-du-Beaujolais.
Les 200 kilomètres sont atteint à minuit, j'ai la lune en point de mire, le moral est bon...
Bizarrement mes genoux me tiraillent un peu et après avoir consulté mon GPS qui m'indique que cette piste cyclable est en faux-plat montant, je réduit mon braquet en passant sur mon plateau intermédiaire. C'est drôle comme dans l'obscurité on peine à ressentir la pente...
La Voie-Verte-du-Beaujolais s'arrête à Beaujeu. Je traverse cette longue "ville-rue" où, comme presque partout dorénavant, l'éclairage publique est éteint. Curieuses impressions...
À la sortie de l’agglomération, c'est maintenant la grosse D-337 que le parcours emprunte mais heureusement à cette heure avancée le trafic y est quasiment nul...
Après le soleil tout à l'heure c'est maintenant au tour de la lune de se coucher... Le ciel s'illumine d'étoiles, j'en prend plein les yeux !...
Après Les-Dépôts la pente s'accentue assez nettement, c'est ici que débute réellement la montée du Col-de-Écharmeaux. Cette ascension n'est pas très raide mais je décide de jouer la prudence en mettant un braquet assez court jusqu'à Chenelette...
Le col est atteint 1h05 du matin. Au gros rond point sommital je m'engage sur la petit D-10E et dès que possible m'arrête pour manger un morceau et pour me couvrir. La faim n'est pas au rendez-vous, l'estomac semble être un peu "en vrac". Je me force tout de même à manger quelques Tuc...
Il ne fait pas très chaud et j'enfile tout ce que j'ai prévu, jambières, tee-shirt supplémentaire, bonnet et gants longs. À 1h25 la longue descente nocturne de dix kilomètres vers Chauffailles peut commencer...
En bas, mêmes impressions qu'à Beaujeu : C'est curieux une ville obscure la nuit...
Pas d'arrêt à Chauffailles, il faut rouler pour se réchauffer...
Une pause est prévue à Châteauneuf, deux raisons à cela, primo c'est ici l'exact milieu du parcours -237 kilomètres- et secondo il y a des toilettes publiques au bord de la route. Il est 2h05, je recharge mes bidons, prends mon second comprimé de Guronzan et encore une fois me force à avaler deux ou trois Tuc... L'estomac n'est toujours pas au mieux...
237 kilomètres...
Bien que court, pas plus de quinze minutes, l'arrêt m'a fait du bien et c'est dans de bonnes conditions que j'attaque la dernière difficulté du Brionais, la côte de Saint-Julien-de-Jonzy. Deux kilomètres assez sévères avec les derniers hectomètres aux alentours de 9%...
Le sommet est atteint à 3h et la route plonge de nouveau pour une longue et belle descente jusqu'à Marcigny...
Pas de pause ici non plus, il faut rouler...
La Loire est traversée au kilomètre 260. Il est 3h30...
Tout doucement les prémices du jours naissent à l'est dans mon dos. À Neuilly-en-Donjon, profitant d'une vingtaine de minute d'avance sur mes prévisions, je m'arrête pour une nouvelle fois essayer de m'alimenter un peu, une part de quiche est avalée ! Quand l’appétit va, tout va !...
La route prise en repartant n'est pas la bonne et il me faudra quelques minutes pour interpréter les "bips" râleurs de mon GPS et faire demi-tour... Deux petits kilomètres de rab...
Lentement et sûrement le jour s'installe et avec lui vient la fraîcheur matinale, mon compteur indique seulement 6°C avec je suppose un taux d'humidité très élevé. Brrr...
Le village du Monetay-sur-Loire est traversé à 5h, il reste une quinzaine de kilomètres pour rejoindre Dompierre-sur-Besbres où l'on doit se retrouver avec Raphaël...
La barre des 300 kilomètres est franchie à 5h45, il me reste moins de 2000 mètres pour rallier le lieu de notre rendez-vous, l'église de Dompierre...
J'y suis à 5h50 précise, frigorifié mais heureux d'être là dans les temps, j'ai même dix minutes d'avance. En faisant les cent pas pour me réchauffer je remarque qu'une boulangerie toute proche est déjà ouverte, merveilleux !...
La voiture de Raphaël arrive, il c'est fait véhiculer par sa compagne...
Une fois les salutations faites, la machine est prestement montée, le cycliste rapidement opérationnel et après avoir salué madame nous mettons instinctivement le cap sur la boulangerie voisine. C'est la sacoche bien pleine que la quette d'un troquet ouvert commence...
Rendez-vous à Dompierre...
200 mètres plus loin un patron de café installe sa terrasse et nous dit qu'il ouvre à 6h30. Nous attendons un quart d'heure à l'extérieur avant de pouvoir entrer boire un bon chocolat chaud revigorant...
À 6h50 la randonnée peut reprendre, direction Chevagnes. Après cet arrêt d'une heure mes jambes sont froides et il me faut patienter un bon quart d'heure pour pouvoir relancer la machine et retrouver un rythme correct...
Quelques kilomètres après Chevagnes, lors du traçage du parcours, j'ai opté pour 3000 mètres de piste en terre, ce petit raccourci nous fait gagner un peu de temps. C'est à la fin de cette portion "gravel" qu'une pause "débâchage" est faite. Il est 7h40, le soleil est maintenant bien présent et la température est tout à fait acceptable...
Nouvelle pause chocolat moins d'une heure plus tard à "l'Auberge-du-Village" de Dornes. Une trentaine de minutes d'arrêt et le trajet reprend plein ouest en direction de Chantenay-Saint-Humbert, kilomètre 350, le dernier quart du parcours est atteint. Là, nous traversons la populaire Nationale-7 puis une dizaine de kilomètres plus loin c'est la rivière de l'Allier qui est enjambée par le pont du Veurdre...
Nouvelle pause chocolat...
Kilomètre 350...
Il est 10h05 à Châteauneuf-sur-Allier et le cours raidard me fait vraiment mal aux jambes, les kilomètres commence à se faire sentir...
Au kilomètre 385 une courte pause champêtre est faite peu après le bourg de Sancoins. Un pain aux raisins est rapidement avalé...
Un peu plus loin, à midi pile, mon GPS m'informe que les 400 kilomètres sont atteint ! Ça fait un bien fou au moral !...
Une vingtaine de minutes plus tard, à Dun-sur-Auron, un arrêt d'une demi-heure nous permet de rassasier nos estomacs . Des victuailles achetées dans une boulangerie sont dévorées à la terrasse du bistro voisin accompagné d'une bonne pression et le tout agrémenté d'un cours de géo-politique donné par un expert local qui cause à qui veut bien l'entendre. Tout y passe, retraite, Ukraine, politique migratoire et même éducation canine...
Il est 12h50 quand nous reprenons la route. Pas pour longtemps malheureusement. Cinq kilomètres plus loin, dans une courte côte, Raphaël casse l'axe de sa pédale gauche ! Aïe !.. Il faut réfléchir... Heureusement l'axe c'est cassé côté extérieur, au niveau du filetage de fixation de la pédale. Après réflexion, je récupère un morceau de sandow qui traîne au fond de ma sacoche, j'en fais une boucle et le fixe à la pédale puis grâce à cette boucle Raph' se fixe la pédale au pied et avec un peu d'habileté il peut reprendre la route...
Il est maintenant 13h30, le soleil est au zenith et la fatigue commence à se faire sentir...
Nous sommes au sud de Bourges et le paysage n'est pas vraiment folichon. Nous passons notre temps à observer un avion qui tourne en rond au dessus de nous, il doit faire des cercles d'environ 5 kilomètres de diamètre et j'en compte au moins une dizaine... Curieux spectacle...
Au kilomètre 441 la fontaine du cimetière de la Chapelle-Saint-Ursin nous permet de refaire le plein de nos bidons. Mon compagnon profite de l'arrêt pour contacter Stéphane, co-organisateur de la Banane-Berrichonne, pour lui demander une éventuelle paire de pédale...
Nous nous remettons en selle à 14h40, il reste une vingtaine de kilomètres...
À ce stade, je ne suis pas vraiment fatigué mais pris d'une sorte de lassitude, d'une envie d'arriver, si j'avais de bonnes jambes j'accélérerais...
Mehun-sur-Yèvres à 15h20, Foëcy à 15h40, la traversée de la rivière du Cher à 15h45, Brinay à 15h50, etc...
...
Soudain le panneau Vierzon ! Il est 16h, Raph' fait la photo de sa randonneuse devant le panneau, je l'attend au carrefour suivant, au carrefour qui mène au camping, lieu de ralliement de cette Banane-Berrichonne !
La randonneuse de Raphaël à Vierzon...
À 16h05 le portail du "Campovillage" de Vierzon est franchi. On se congratule. La sympathique patronne de l'établissement nous offre un verre de jus d'orange bien frais...
Pierrot est déjà là, pendant le règlement des formalités Claude arrive à son tour...
...
Une sacré bambée se termine et un sympathiques week-end va pouvoir commencer!...
Mais ça c'est une autre histoire...
Au final, 472 kilomètres, 26h30 de trajet et 21h30 de selle...
Il y a longtemps que l'idée de faire un 24 heures sur le vélo me trotte dans la tête. Cette "Banane-Berrichonne" à Vierzon proposée par le site Vélo-Vintage-à-Gogo pourrait en être l'occasion...
Bon, tracer le parcours sur B-Router ne coûte rien... Quatre cent soixante cinq kilomètres ! Ça fait un sacré morceau qu'en même...
Sans trop y croire, je m'inscris...
Puis, petit à petit l'idée fait son chemin...
J'en parle à Raphaël, avec qui j'ai déjà roulé lors du Tour-de-la-Nièvre l'an dernier, vu qu'il est de Vichy il pourrait faire le final avec moi, on pourrait se rejoindre du côté de Dompierre-sur-Besbres. Raph' est d'accord sur le principe mais il ne sais pas s'il sera disponible ce week-end là. Il chasse les BRM en vu d'une participation au Paris-Brest-Paris-2023 en août prochain...
J'en parle aussi à Daniel, compagnon de nombreuse balades vélocipédiques ces dernières années. Mon collègue chambérien accepte tout de suite de m'accompagner au moins jusqu'à Belleville-en-Beaujolais...
Tout doucement le projet se construit...
Après quelques semaines d'attente Raphaël m'annonce qu'il sera disponible, j'en informes immédiatement Daniel. Le projet est lancé !...
...
Le 25 mai 2023 à 13h30 je quitte Montailleur sur ma toute nouvelle randonneuse, une ADV que je me suis offerte récemment, elle affiche tout juste quatre mille kilomètres au compteur. Mon bagage se réduit au minimum nécessaire, une grosse sacoche "parpaing" contenant des vêtements chauds pour la nuit, de quoi affronter une éventuelle pluie, une pharmacie des affaires de toilette et pas mal de bouffe d'avance. Deux bidons de trois quart de litre dont un rempli d'un mélange de thé et de jus de fruit pour la nuit. Pour lutter contre le sommeil, deux comprimés de Guronzan (vitamines & caféine) sont prévus...
Pour ce parcours j'ai préparé une "trace GPX" empruntant le trajet le plus cours possible et pour toute la partie nocturne j'ai recherché et indiqué tous les points d'eau et toutes les toilettes publiques disponible sur ma route. Le tout est "chargé" dans mon compteur GPS, il ne reste plus qu'a se laisser guider. Mais n'ayant qu'une confiance relative à la technologie récente une traditionnelle feuille de route est préparée et disposée bien en évidence sur ma sacoche de guidon...
L'arrivée à Chambéry se fait avec un quart d'heure d'avance. Une première part de quiche est avalée, un petit coup de téléphone à ma compagne et Daniel est là. Rapides salutations et la traversée de la capitale savoyarde commence. Bien calé dans sa roue, le paysage urbain défile et rapidement nous nous retrouvons sur la piste cyclable qui mène au Bourget-du-Lac.
Là, retour sur la route. La première ascension du périple débute dès la sortie du port pour rejoindre Bourdeau puis la galerie de secours du Tunnel-du-Chat aménagée pour le passage à vélo...
La montée se fait en souplesse, il s'agit d'en garder sous la pédale, la route vers Vierzon est encore longue...
Les mille six cent mètres de galerie sont rapidement avalés et de l'autre côté c'est la très fréquentée D-1504 qui nous accueille jusqu'à Saint-Jean-de-Chevelu. Deux kilomètres en descente au milieu d'une circulation automobile dense. Au rond-point de Saint-Jean le cap est mis au sud sur la petite D-921C beaucoup plus calme qui va permettre de rejoindre Yenne de manière moins stressante...
À la sortie de la petit ville savoyarde revoilà l'horrible D-1504 mais seulement pour les trois kilomètres de la traversée des Gorges-de-la-Balme. Ce raccourci permet d'éviter pas mal de distance que ce soit au nord par Messimieu-les-Rives ou au sud par le petit Col-de-la-Crusille...
Le "vieux Rhône" est traversé par la piste cyclable "Via-Rhôna" et sa fameuse Passerelle-de-Virignin. Si son côté esthétique peut éventuellement plaire sa roulabilité est clairement horrible, pendant la traversée toute la structure se met "en résonance" et on a la sale impression que tout va se dévisser et tomber dans le fleuve !...
La Passerelle-de-Virignin...
L'autre bras du Rhône est traversée par la D-31A et son pont beaucoup plus conventionnel...
Peyzieu est rejoint à 17h20. Là, un deuxième raccourci nous attend, deux bons kilomètres de côte qui font encore gagner beaucoup de temps en évitant de suivre le Rhône jusqu'à Brégnier-Cordon. En seulement onze kilomètres Saint-Benoît est rejoint. Il est 17h45, une pause est faite a un point d'eau près de l'église du village. Une nouvelle portion de quiche est mangée...
Une pause à Saint-Benoît...
Vu l'heure, l'habituelle sympathique D-19 devient de plus en plus fréquentée et c'est avec un réel soulagement que l'on retrouve la Via-Rhôna un peu avant Sault-Brénaz. Une pause est prévu ici car c'est le premier quart du parcours, les 118 kilomètres viennent d'être atteins. C'est aussi à cet endroit que nous avions prévu de manger mais malheureusement tous les commerces sont fermés mise à part une espèce de pizzeria guère inspirante...
Quand il s'agit de manger, je laisse Daniel gérer. Il a une sorte de sixième sens concernant la bouffe, il n'est pas originaire du sud-ouest pour rien...
C'est à Lagnieu, un peu à l'écart de notre parcours, qu'il dégotte de quoi se sustenter à la terrasse d'un petit bistro bien agréable. Il est 19h30, je profite de l'arrêt pour avaler mon premier comprimé de Guronzan...
Reprendre des forces...
Après seulement trente minutes d'arrêt la randonnée reprend et le parcours est retrouvé du côté de Posafol un peu avant Sainte-Julie. Il est maintenant 20h30 et la circulation automobile est redevenue supportable. La rivière de l'Ain est traversée sur la grosse D-1084 un peu après Chazey-sur-Ain...
Une nouvelle ascension nous attend après Vilieu pour grimper sur le plateau de La-Dombe...
Contrairement à la majorité des cyclo-randonneurs j'aime bien traverser La-Dombe, c'est plat et reposant, surtout à cette heure là.
Calé dans la roue de Daniel j'admire le couché du soleil...
Dans le roue de Daniel...
Une nouvelle pause est faite au pays des oiseaux, à Villard-les-Dombes. Nous buvons un soda à la terrasse d'un petit restaurant encore ouvert.
Il est maintenant 21h45 et la nuit est bien installée. Vêtus de nos gilets réfléchissants, tous deux équipés de moyeu-dynamo et d'éclairage à LED nous filons à bonne allure. Un rapide arrêt-grignotage est fait à Saint-Trivier-sur-Moignans...
Un rapide arrêt-grignotage...
Les treize kilomètres qui nous sépare de Belleville-en-Beaujolais sont roulés en une demi-heure. Ce gros nœud routier d'ordinaire très stressant pour les cyclistes se passe très bien à cette heure avancée...
C'est à 23h qu'un banc publiques nous accueil pour notre ultime pause ensemble. Daniel m'offre son dernier pain au raisin que m'empresse de dévorer. Un quart d'heure plus tard nous nous quittons devant la porte de son hôtel. Salut l'ami et merci pour ce "bout de conduite" ! À bientôt Daniel !...
Je me remet en selle et termine la traversée de Belleville-en-Beaujolais...
À la sortie de la ville, la route fait place à une piste cyclable, la Voie-Verte-du-Beaujolais.
Les 200 kilomètres sont atteint à minuit, j'ai la lune en point de mire, le moral est bon...
Bizarrement mes genoux me tiraillent un peu et après avoir consulté mon GPS qui m'indique que cette piste cyclable est en faux-plat montant, je réduit mon braquet en passant sur mon plateau intermédiaire. C'est drôle comme dans l'obscurité on peine à ressentir la pente...
La Voie-Verte-du-Beaujolais s'arrête à Beaujeu. Je traverse cette longue "ville-rue" où, comme presque partout dorénavant, l'éclairage publique est éteint. Curieuses impressions...
À la sortie de l’agglomération, c'est maintenant la grosse D-337 que le parcours emprunte mais heureusement à cette heure avancée le trafic y est quasiment nul...
Après le soleil tout à l'heure c'est maintenant au tour de la lune de se coucher... Le ciel s'illumine d'étoiles, j'en prend plein les yeux !...
Après Les-Dépôts la pente s'accentue assez nettement, c'est ici que débute réellement la montée du Col-de-Écharmeaux. Cette ascension n'est pas très raide mais je décide de jouer la prudence en mettant un braquet assez court jusqu'à Chenelette...
Le col est atteint 1h05 du matin. Au gros rond point sommital je m'engage sur la petit D-10E et dès que possible m'arrête pour manger un morceau et pour me couvrir. La faim n'est pas au rendez-vous, l'estomac semble être un peu "en vrac". Je me force tout de même à manger quelques Tuc...
Il ne fait pas très chaud et j'enfile tout ce que j'ai prévu, jambières, tee-shirt supplémentaire, bonnet et gants longs. À 1h25 la longue descente nocturne de dix kilomètres vers Chauffailles peut commencer...
En bas, mêmes impressions qu'à Beaujeu : C'est curieux une ville obscure la nuit...
Pas d'arrêt à Chauffailles, il faut rouler pour se réchauffer...
Une pause est prévue à Châteauneuf, deux raisons à cela, primo c'est ici l'exact milieu du parcours -237 kilomètres- et secondo il y a des toilettes publiques au bord de la route. Il est 2h05, je recharge mes bidons, prends mon second comprimé de Guronzan et encore une fois me force à avaler deux ou trois Tuc... L'estomac n'est toujours pas au mieux...
237 kilomètres...
Bien que court, pas plus de quinze minutes, l'arrêt m'a fait du bien et c'est dans de bonnes conditions que j'attaque la dernière difficulté du Brionais, la côte de Saint-Julien-de-Jonzy. Deux kilomètres assez sévères avec les derniers hectomètres aux alentours de 9%...
Le sommet est atteint à 3h et la route plonge de nouveau pour une longue et belle descente jusqu'à Marcigny...
Pas de pause ici non plus, il faut rouler...
La Loire est traversée au kilomètre 260. Il est 3h30...
Tout doucement les prémices du jours naissent à l'est dans mon dos. À Neuilly-en-Donjon, profitant d'une vingtaine de minute d'avance sur mes prévisions, je m'arrête pour une nouvelle fois essayer de m'alimenter un peu, une part de quiche est avalée ! Quand l’appétit va, tout va !...
La route prise en repartant n'est pas la bonne et il me faudra quelques minutes pour interpréter les "bips" râleurs de mon GPS et faire demi-tour... Deux petits kilomètres de rab...
Lentement et sûrement le jour s'installe et avec lui vient la fraîcheur matinale, mon compteur indique seulement 6°C avec je suppose un taux d'humidité très élevé. Brrr...
Le village du Monetay-sur-Loire est traversé à 5h, il reste une quinzaine de kilomètres pour rejoindre Dompierre-sur-Besbres où l'on doit se retrouver avec Raphaël...
La barre des 300 kilomètres est franchie à 5h45, il me reste moins de 2000 mètres pour rallier le lieu de notre rendez-vous, l'église de Dompierre...
J'y suis à 5h50 précise, frigorifié mais heureux d'être là dans les temps, j'ai même dix minutes d'avance. En faisant les cent pas pour me réchauffer je remarque qu'une boulangerie toute proche est déjà ouverte, merveilleux !...
La voiture de Raphaël arrive, il c'est fait véhiculer par sa compagne...
Une fois les salutations faites, la machine est prestement montée, le cycliste rapidement opérationnel et après avoir salué madame nous mettons instinctivement le cap sur la boulangerie voisine. C'est la sacoche bien pleine que la quette d'un troquet ouvert commence...
Rendez-vous à Dompierre...
200 mètres plus loin un patron de café installe sa terrasse et nous dit qu'il ouvre à 6h30. Nous attendons un quart d'heure à l'extérieur avant de pouvoir entrer boire un bon chocolat chaud revigorant...
À 6h50 la randonnée peut reprendre, direction Chevagnes. Après cet arrêt d'une heure mes jambes sont froides et il me faut patienter un bon quart d'heure pour pouvoir relancer la machine et retrouver un rythme correct...
Quelques kilomètres après Chevagnes, lors du traçage du parcours, j'ai opté pour 3000 mètres de piste en terre, ce petit raccourci nous fait gagner un peu de temps. C'est à la fin de cette portion "gravel" qu'une pause "débâchage" est faite. Il est 7h40, le soleil est maintenant bien présent et la température est tout à fait acceptable...
Nouvelle pause chocolat moins d'une heure plus tard à "l'Auberge-du-Village" de Dornes. Une trentaine de minutes d'arrêt et le trajet reprend plein ouest en direction de Chantenay-Saint-Humbert, kilomètre 350, le dernier quart du parcours est atteint. Là, nous traversons la populaire Nationale-7 puis une dizaine de kilomètres plus loin c'est la rivière de l'Allier qui est enjambée par le pont du Veurdre...
Nouvelle pause chocolat...
Kilomètre 350...
Il est 10h05 à Châteauneuf-sur-Allier et le cours raidard me fait vraiment mal aux jambes, les kilomètres commence à se faire sentir...
Au kilomètre 385 une courte pause champêtre est faite peu après le bourg de Sancoins. Un pain aux raisins est rapidement avalé...
Un peu plus loin, à midi pile, mon GPS m'informe que les 400 kilomètres sont atteint ! Ça fait un bien fou au moral !...
Une vingtaine de minutes plus tard, à Dun-sur-Auron, un arrêt d'une demi-heure nous permet de rassasier nos estomacs . Des victuailles achetées dans une boulangerie sont dévorées à la terrasse du bistro voisin accompagné d'une bonne pression et le tout agrémenté d'un cours de géo-politique donné par un expert local qui cause à qui veut bien l'entendre. Tout y passe, retraite, Ukraine, politique migratoire et même éducation canine...
Il est 12h50 quand nous reprenons la route. Pas pour longtemps malheureusement. Cinq kilomètres plus loin, dans une courte côte, Raphaël casse l'axe de sa pédale gauche ! Aïe !.. Il faut réfléchir... Heureusement l'axe c'est cassé côté extérieur, au niveau du filetage de fixation de la pédale. Après réflexion, je récupère un morceau de sandow qui traîne au fond de ma sacoche, j'en fais une boucle et le fixe à la pédale puis grâce à cette boucle Raph' se fixe la pédale au pied et avec un peu d'habileté il peut reprendre la route...
Il est maintenant 13h30, le soleil est au zenith et la fatigue commence à se faire sentir...
Nous sommes au sud de Bourges et le paysage n'est pas vraiment folichon. Nous passons notre temps à observer un avion qui tourne en rond au dessus de nous, il doit faire des cercles d'environ 5 kilomètres de diamètre et j'en compte au moins une dizaine... Curieux spectacle...
Au kilomètre 441 la fontaine du cimetière de la Chapelle-Saint-Ursin nous permet de refaire le plein de nos bidons. Mon compagnon profite de l'arrêt pour contacter Stéphane, co-organisateur de la Banane-Berrichonne, pour lui demander une éventuelle paire de pédale...
Nous nous remettons en selle à 14h40, il reste une vingtaine de kilomètres...
À ce stade, je ne suis pas vraiment fatigué mais pris d'une sorte de lassitude, d'une envie d'arriver, si j'avais de bonnes jambes j'accélérerais...
Mehun-sur-Yèvres à 15h20, Foëcy à 15h40, la traversée de la rivière du Cher à 15h45, Brinay à 15h50, etc...
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Soudain le panneau Vierzon ! Il est 16h, Raph' fait la photo de sa randonneuse devant le panneau, je l'attend au carrefour suivant, au carrefour qui mène au camping, lieu de ralliement de cette Banane-Berrichonne !
La randonneuse de Raphaël à Vierzon...
À 16h05 le portail du "Campovillage" de Vierzon est franchi. On se congratule. La sympathique patronne de l'établissement nous offre un verre de jus d'orange bien frais...
Pierrot est déjà là, pendant le règlement des formalités Claude arrive à son tour...
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Une sacré bambée se termine et un sympathiques week-end va pouvoir commencer!...
Mais ça c'est une autre histoire...
Au final, 472 kilomètres, 26h30 de trajet et 21h30 de selle...