Oh, ce n'est pas une machine prestigieuse, bien qu'elle porte la signature d'un vélociste, René André, ayant commis de très belles randonneuses notamment.
Celle-ci est dotée plus prosaïquement d'un cadre de série d'origine CNC, en tube ordinaire, mais bien assemblé comme toujours chez ce constructeur.
C'est un "demi-course" de base que m'a donné mon ami Ivan à l'état de "cadre+fourche". Il a l'immense qualité d'être à mes cotes (60 x 58,5 cm d'axe en axe), et sa peinture en bon état comme son caractère rustique en faisaient le candidat idéal pour en faire mon vélo de tous les jours.
Mon précédent vélotaf (voir CNC style randonneur) dont le cadre m'avait lui été donné par Merops , devant émigrer au Portugal, il me fallait lui trouver un remplaçant.
Ce René André tombait donc à pic.
Marcel, un ancien camarade de club, un rouleur infatigable qui m'avait initié à l'art de la route lorsque j'étais jeune Padawan , était décédé peu avant à 80 ans. J'ai hérité d'une partie de ses stocks de pièces "pré-1980", dont les roues qu'il avait sur son vélo de tous les jours : des roues en 700 avec moyeu Maxicar à l'avant et "Simplex-Campagnolo" à l'arrière. Marcel habitait le Châtelet en Brie et allait travailler tous les jours à la Snecma à Villaroche, en Seine-et-Marne, soit une petite quarantaine de bornes quotidiennes. Pour ce faire, il utilisait une randonneuse "déclassée", une "René André" avec laquelle il avait bouclé plusieurs Paris-Brest-Paris.
Ses roues sont naturellement venues sur mon nouveau vélotaf, et j'ai pioché dans mes stocks de pièces pour en faire une machine "tous temps", n'ayant pas peur des hivers boueux de mon coin de campagne essonnienne.
Voici le résultat tel qu'il est sorti de l'atelier fin 2017 :
Dérailleurs Huret, cintre et potence Belleri, pédalier TA (48-44-29), roue libre Cyclo 16-19-22-24-28, selle Idéale, freins Mafac Racer, du classique, quoi.
Un éclairage à piles car il n'y avait pas de support de dynamo.
Marcel, ou du moins ses roues, roulait avec moi tous les jours, et dans ma tête je me dis que c'est l'hommage qu'il aurait préféré .
Entre-temps, j'ai découvert le moyeu-dynamo et je me suis monté une nouvelle roue avant pour l'hiver avec un moyeu Shimano DH-3N72, et j'ai installé un phare et un feu B+M à leds. J'ai laissé le feu arrière à piles "au cas où", mais la fiabilité de mon nouvel éclairage fait que je n'ai jamais eu besoin de ce secours.
J'ai agrémenté ce montage d'un dispositif "code-phare" destiné aux automobilistes croiseurs qui auraient du mal à passer en feux de croisement, et le faisceau de mon "Lumotec" les ramène en cas de besoin à un peu de civisme même face à un cycliste :
Brut de la boue de cet automne covidien, voici un petit aperçu sur la transmission :
Les pédales sont des Mikashima hors d'âge dont la longévité semble éternelle .
Petits souvenirs du Portugal, ma vieille sacoche est fermée par un bout de lacet qui me vient de Marie (voir sacoches Ardenne) et le badge de Pedro, son compagnon, meilleur vélociste de Lisbonne, ma famille portugaise, en quelque sorte... Que voulez-vous je suis un sentimental, et les histoires de vieux vélos sont aussi de belles histoires d'hommes et de femmes qui ont une belle vision de la vie :
Depuis fin 2017, "Marcel" totalise 9000 kms par tous les temps. Outre le vélotaf, c'est une bonne machine d'hiver qui ne craint rien, est bien éclairée et à l'occasion ne dédaigne pas les départs avant l'aube ou les routes forestières.
Ah, oui, pour ceux qui se demanderaient comment est fait le décaleur de sacoche avant :
ça aussi, c'est d'une rusticité à toute épreuve :
Voilà. Mon "Marcel", ce n'est pas mon plus prestigieux vélo, ni mon plus remarquable, mais il a su devenir le plus indispensable .