La veille du grand jour, je dois vous l’avouer, j’avais perdu un peu de mon enthousiasme. Dans la nuit de mercredi à jeudi, il était tombé des trombes d’eau et depuis, il avait plu presque tout le temps. Je m’attendais au pire et je nous voyais déjà obligés de rouler sur les départementales pour éviter de trop patauger dans la boue…
Heureusement, dimanche matin, quand je me suis mis en route pour le rendez-vous, le soleil était de retour!
A 10h00, Manu68 était déjà là, impatient de rouler. Wolant75 venait d’arriver de sa lointaine Lorraine et garait sa vieille Alfa. Dewoitine atterrissait avec son spad quelques minutes plus tard. Nous avons attendu Albina jusqu’à 10h35 puis nous sommes partis…
Un démarrage en douceur qui nous a permis de faire connaissance. C’était la première que nous rencontrions. Le parcours alternait des portions asphaltées, des chemins plein de caillasse et des allées forestières. Tout allait bien jusqu’à un premier arrêt mécanique dû à une tige de selle capricieuse.
Nous étions encore frais et ça roulait bien.
Wolant75
Dewoitine
Manu68
Le drame est arrivé peu après Bettlach. Nous avions fait une liaison sur une départementale et nous nous engagions dans une forêt quand nous nous sommes rendu compte que nous avions perdu Dewoitine. Je suis revenu en arrière pour le voir arrivé au loin. Je l’ai entendu me crier quelque chose et je n’ai compris que le mot ”accident”. Nous ayant rejoint, il nous a expliqué que sa banane était salement endommagée.
Accident ou tentative de suicide, nous ne saurons jamais. Toujours est-il que Dewoitine a dû l’euthanasier sous l’oeil envieux de Wolant75. Quant à Manu68, trop sensible, il a dû détourner les yeux.
Et nous avons repris la route. Ou plutôt le chemin. Voire les chemins.
Vers 12h30, nous avons fait notre pause casse-croûte à l’ombre d’un arbre. Autour de nous des champs et au loin, au nord-ouest, les Vosges, au nord-est l’Allemagne et la Forêt-Noire et au sud, la Suisse et le Jura.
Nous en avons profité pour jeter un coup d’oeil aux autres vélos. Naturellement, 2 d’entre-nous n'ont pas joué le jeu et sont venus avec un vélo moderne
La digestion s’est faite sur une ancienne voie romaine, puis sur un single track en forêt pour finir sur une petite route asphaltée histoire de souffler avant des portions plus exigeantes.
Remplissage des gourdes puis passage obligé par la rue des Seigneurs à Willer.
Après, nous avons enchainé les chemins gravel, les strade bianche ou si vous préférez, les chemins de campagne en revêtement naturel.
Pot de fleur alsacien.
Mais une dernière difficulté nous attendait. Nous devions encore franchir une longue montée caillouteuse très raide. Et même très raide! L’instinct
primaire primate de nos 3 oranges-outangs s’est réveillé et ils ont tout donné pour arriver le premier! Wolant et son Peugeot Crazy Horse s’est tout de suite détaché de la meute suivi de près par Manu et son Rockrider. Dewoitine avec son Nakamura est arrivé bon dernier. Preuve s’il en est que le vintage est bien supérieur au moderne
Peu après, nous sommes arrivés assoiffés au seul restaurant ouvert de la région. Le matin même, j’avais encore vérifié sur internet qu’il était bien ouvert. Malheureusement, il était mystérieusement fermé.
De dépit, je décidais de modifier la fin du parcours en prenant un passage que je
savais espérais boueux. A l’affût, j’ai attendu une glissade, une gamelle, bref un bain de boue. En vain. Les Gogos ont su rester sur leur selle.
Le parcours s’est achevé par un single track au milieu des fleurs, un long single track descendant en forêt sur lequel Manu, dans son élément, a retrouvé des sensations qu’il n’avait plus vécu depuis sa lointaine jeunesse et pour finir un longue descente vers les voitures.
Nous avons finalement trouvé de quoi étancher notre soif dans un Kebab où nous avons évoqué l’organisation d'une prochaine banane alsacienne, voire lorraine (il paraîtrait que Toul, c’est beau).
Comme je suis venu de chez moi en vélo, je n’ai pas la distance ni le dénivelé exacts du parcours mais nous avons roulé environ 56 km pour à peu près 700 m de dénivelé.
A cette courbe, il faut retirer environ 12 km au début et autant à la fin!
Je tiens à remercier Wolant75, Manu68 et Dewoitine pour leur venue et leur participation à la première de l’Eroika Alsatia. Dans 10 ans (ou 100 ans) quand l’Eroika Alsatia sera la sortie incontournable du cyclisme, ils pourront dire: ”J’étais à la première!”