C’était un tracé sur la carte qui me plaisait bien.
Départ de Aulhat-Saint Privat au dessus d’Issoire avec le Peugeot Team line équipé d’un porte-bagage, afin de délester un peu mon sac à dos.
J’ai regretté assez vite dès le début de ne pas profiter un peu plus longtemps des mamelons auvergnats et de ficher le camp vers le sud; alors j’ai roulé pas trop vite et joué au touriste dans les villages ( Nonette etc ).
Sous la Vieille Brioude j’ai failli me gourer de rive et remonter le cours de l’Allier du mauvais côté. L’itinéraire était vaguement préparé sur la carte IGN, mais pas très lisible.
« A Villeneuve d’Allier où il fait bon pédaler ! »
C’est vrai que ça roule gentiment, mais en tout début d’aprèm’ un peu après Langeac, je me fais surprendre par une longue montée bien tiédasse. Heureusement qu’il y a une fontaine à Bourleyre, vindiou !
Passé Saugues je vois une bête grise qui trottine le long de la route dans l’herbe ; le loup !
Petit coup de flip sur le coup, et puis un tracteur sort par un chemin, c’était le chien du paysan. (lol)
Plus loin le village d’Esplantas, où les baraques ont été construites en très grosses pierres de taille, ça ne mégotait pas les anciens !
Vers 17h30, je touche Grandrieu. Le nom du village est écrit en gros sur la carte, je me dis qu’il devrait y avoir un camping. A l’entrée du bourg, je cause avec un pépé qui, regardait ses poules becter des épluchures. Le monsieur me dit qu’oui !.. y a un camping tout en bas de la route, à 3,5km. Très bien !
Ce n’est pas vraiment ma direction, mais j’ai deux envies: une douche et manger !
En arrivant le patron me scrute un chouia de haut en bas. J’ai pas l’air super dédié avec mon vieux Peugeot, mes vieilles godasses, mon short délavé et le T-cheurte froissé. En effet j’avais croisé des cyclistes vachement plus pimpants, lunettes de star, full bike-packing. La super classe !.. on l’a ou on l’a pas.
Il m’accepte quand même à la belle étoile, tout au bout du parc tranquille, avec en prime une belle pizza qui sortira du four type « Citroën HY » vers les 21h ; j’ai le temps de profiter de ce trou au milieu des bois, zen et propre, sans lumière excessive, le ruisseau vif qui coule au milieu d’une herbe douillette ; je ferais dodo tel petit lapin cette nuit là.
Le lendemain matin, à 7h30 je file. Sans café, sans tartine, sans bruit … Après avoir ramassé ma lessive toute mouillée, et roulé mon duvet humide. Une jolie route me fait passer sous le Lac de Naussac, elle semble être faite pour le cyclotouriste nostalgique, au village d’Auroux par exemple, où comme bien souvent, « Hotel du Voyageur » et autre « Auberge du Pont » sont fermés depuis longtemps, au menu il y a: toiles d’araignées et des terrasses vides.
Des framboises sauvages dans un virage à l’ombre vers 9h37 ravivent un peu le rythme.
A Chateauneuf-de-Randon, c’est cacahuètes etc... et en avant pour Mende !
Je fais le plein d’eau fraîche au bistrot, premier café de la journée, on cause vélo avec les types à l’apéro. Non il est pas lourd mon clou !.. et j’en veux pas un en carbone. Puis on étudit la trajectoire sur la carte. Sympathique.
Causse de Sauveterre.
Sainte Enimie et Gorges du Tarn.
La nature ! Les routes ! Les constructions ! C’est le total délire qui commence.
Où sont les z’indiens ? C’est un vrai canyon, l’endroit!
Le long de la rivière je fais route le nez en l’air tellement c’est exagéré.
A un moment je me lève pour relancer la bicyclette d’un coup de danseuse, et mon pied droit chasse de la pédale ! C’était très (très) chaud, heureusement que la roue avant n’a pas pris plus d’angle, le vélo est revenu en ligne après avoir saucissonné, j’avais le ventre par dessus du guidon, la tête en avant avec vue sur le pneu Michelin, la tatane qui traînait par terre ; sans casque et sans gants cela aurait été malsain de goûter au goudron rugueux !
Après coup, j’ai avancé un peu mon cale-pied à la clé de 8, et j’ai bien pensé à saluer poliment notre Seigneur Jésus Christ sur sa croix plantée partout, il fallait bien remercier quelqu’un pour ce miracle ! Par la suite je ferais gaffe à rester un peu plus concentré sur la conduite.
La Molène, les touristes et randonneurs sèchent à l’ombre près du robinet de flotte, je passe le pont pour sortir de ce fond, ragaillardi par le bonheur de ne pas être à l’hopital ou simplement écrasé par un combi vévé.
La route monte au Causse Méjan, c’est le chemin des chèvres avec une tartine de bitume dessus pour faire joli.
Je cale un peu au milieu, je pousse. Les vautours passent tout près, à dix mètres, pas besoin de jumelles.
En haut il y a un peu d’air et un moulin à vent. ( Aven Armand ? )
On replonge assez vite dans les Gorges de la Jonte.
Le Rozier, patelin idéal pour terminer ce deuxième jour.
La rivière est belle mais un peu trop de monde pour se laver à poil, alors j’emprunte une douche au camping ouvert aux quatres vents, puis je pose mon sac et la bécane dans le champ à côté, entre les balles de foins. Je dormirais là, hors poussière.
Le soir au resto, un Tripou-Aligot qui va très bien. Un bien bon rôde-tripe qui aurait mérité une deuxième assiette.
Lundi 12/08 /24.
Changement de vallée, on passe entre Causse Noir et Montpellier le Vieux, et on atterrit dans les Gorges de la Dourbie.
A La Roque-Sainte-Marguerite, des fadas sont encore allés construire une église romane en petits cailloux, perchée sur un gros caillou.
Il y a urgence à monter sur le Larzac avant le grand soleil. Sur la route qui mène à Nant je vois un panneau sur la droite, « Saint-Sauveur du Larzac « , j’enquille sans trop réfléchir, trois ou quatres kilomètres de poussette à l’ombre des chênes, un chemin goudronné. Même si j’avais eu les forces pour monter en pédalant, je me dit que la chaîne aurait pu péter … et que la marche à pied c’est bon pour la ligne.
Prunes et mûres un peu plus loin, pour un bon transit.
Je n’ai pas la carte qui traverse le plateau, un type du coin m’indique la direction à suivre pour l’Hospitalet du Larzac. Il fait déjà trop chaud et la départementale qui longe l’autoroute me parrait bien longue avec le vent dans le nez. La chaîne déraille en passant sur le petit plateau, la vis de butée a tourné un peu.. ça me manquait pas le bricolage à ce moment là, j’avais en tête croque-monsieur et bout de gâteau, non pas tournevis.
Au Caylar après un solide goûter et une micro-sièste, vers 15h, il me reste encore un bout de chemin.
Le Pas de l’Escalette me fait coucou de loin, et c’est la grande descente vers Lunas et la vallée de l’Orb, je rentre dans mes quartiers, Lamalou-les-Bains sera l’arrivée après environ 380 kms.
J’y ai rendez-vous pour manger une belle glace dans un Hotel-Restaurant (ouvert), le retour à la cabane se fera dans le coffre d’une Peugeot 405 break.
J’aurai loupé de peu les 405 bornes.