Bon, pour ne pas faire de jaloux, je copie-colle le récit chronologique publié sur pignonfixe...
Alors, voilà - ça va être long et indigeste, je préfère prévenir...
J'ai décidé de faire PBP il y a deux ans, en m'intéressant aux premiers temps du cyclisme, et en m'enthousiasmant pour l'esprit des pionniers qui partaient pour des étapes de 500 bornes, de nuit, en totale autonomie, avec des clous sur des routes non goudronnées, ce qui faisaient des courses de l'époque une aventure humaine au moins autant qu'une performance sportive.
PBP, c'est ce retour aux sources accessible à des cyclistes amateurs de niveau moyen, pas forcément tout jeunes, pas forcément super rapides ni affûtés. Le choix de l'autonomie était une évidence pour moi, mais je dois avouer que c'est globalement, pour le cycliste, très bien organisé : parcours fléché, des bénévoles partout, possibilité de manger, se laver, dormir aux points de contrôle (même si c'est parfois complet, ou qu'il ne reste pas toujours grand chose aux ravitos pour les derniers).
C'était aussi une façon de tester mes limites, je ne dois pas avoir complètement fini ma crise d'ado, c'est mon côté viril sans doute. Là dessus, c'est loupé, comme je m'arrête ou je ralentis avant, je ne me suis toujours pas mise "dans le rouge", je n'ai pas eu de "coup de marteau", ni de "fringale".
C'était bien d'avoir des vacances avant pour rouler et partir reposée, et d'en avoir après pour recharger les batteries.
Allez, départ dimanche à 18h45, j'arrive à 18h, en avance (oui !!!), mais non sans avoir failli louper mon RER, avec un bidon de punch au thé à la place d'un thé nature. Je me place sur mon paddock de départ, le M, et découvre un magnifique Pilorget titane carbone (photo demain) ; son propriétaire, que j'ai croisé à plus de 100 bornes de Brest n'a pas dû respecter les délais, je ne sais pas ce qu'il est devenu. Je guette les z'animaux, qui doivent se placer juste à côté pour partir une demi-heure après, mais ils sont franchement à la bourre, eux... Je ne le sais pas encore, mais un Gogo, croisé une fois hors du contexte cycliste, prend aussi le départ en M.
Je laisse prudemment filer les pelotons rapides en tête, et me cale avec des cyclistes assez tranquilles. De toute façon, il y a tellement de monde qu'on ne peut pas vraiment parler de peloton, mais d'une succession de cyclistes dont on prend la roue ou que l'on double. 1er CP, je m'arrête peu, et file sur Mortagne au km 140, où je compte manger. Là, comme de nombreux cyclistes, je m'arrête dans une sorte de kebab, en pensant qu'il s'agissait d'un des points de ravitos. Je bois une mousse, avale de mes sandocks et une de mes salades, à l'intérieur, pour me réchauffer car la nuit est tombée, et on se les pèle.
Je repars un peu crispée par la digestion et le froid, et trouve les roues de quelques cyclistes solitaires ; mais rapidement, je préfère rouler seule, je trouve qu'ils font des a-coups désagréables, et comme il n'y a pas de vent, il n'y a aucune vraie nécessité de s'abriter. Je traîne quand même un peu trop à chaque point de contrôle, souvent près d'une heure, et, il n'y a rien à faire, je mange trop, d'où des reprises un peu poussives.
Bizarrement, je sens une gène aux genoux, comme si ma tds était trop haute, alors que mes réglages étaient parfaits à l'issue du BRM600. Je baisse donc ma tds de 2mm et ça va mieux. Ce n'est qu'au retour, en mettant mes deux cuissards l'un sur l'autres pour protéger mon séant délicat, que je comprendrai qu'il s'agissait d'une variation d'épaisseur de cuissard, celui du BRM600 étant usé, plus fin que le neuf mis au départ du PBP...
A Fougères (km 308, pile au quart puis aux trois quarts du trajet), le lundi matin, je sens le besoin de sommeil après un gros menu, et vais prendre un matelas dans une pièce où j'ai la chance d'être seule. Hélas, un Rital diabolique investit la pièce mitoyenne, et ne trouve rien de mieux que de passer un coup de fil en gueulant comme un ... Rital, anéantissant tout espoir de sommeil réparateur (je soupçonne une basse tactique d'élimination de la concurrence). Je frappe à la cloison, l'agonit d'injures des plus variées, sort en furie de ma "chambre", jusqu'à ce qu'il raccroche. Evidemment, les nerfs en boules, je ne risque pas de retrouver le sommeil.
Je continue à bon rythme, assez souvent seule, parfois avec un mini peloton occasionnel soudé jusqu'au point de contrôle suivant, à 25.5 km/h jusqu'à Loudéac. Je connais bien le parcours, grâce au BRM600 de Lamballe. D'ailleurs, à Loudéac, je me fais encourager par des membres du club de Lamballe quii me reconnaissent, ça fait super plaisir.
Puis, la nuit arrivant, je pers un peu de vitesse, mais le compteur affiche toujours 25km/h depuis le départ quand j'arrive à Carhaix. Là, je mange (trop, une fois de plus) et me motive pour parcourir les 90 km restants avec un gars expérimenté avec lequel je roule depuis quelques temps. Je pars tard, vers 23h, mais compte innocemment mettre moins de 4h pour rallier Brest vers les 2h et quelques du mat' - nous sommes arrivés vers les 4h bien tapées !!!
C'est la seule portion que je qualifierai de "pénible" dans ce PBP : il fait un froid glacial, moins de 10°, augmenté par le vent du nord et l'humidité des forêt. J'ai mal aux fesses, quand même, la route est mauvaise par tronçons. Et avec le froid, mes trapèzes sont complètement contractés et vraiment douloureux. C'est ma deuxième nuit blanche à pédaler, j'ai sommeil après avoir mangé et une boule douloureuse dans le ventre à cause de la digestion dans l'effort. Heureusement que je n'ai pas mis la frontale et que je ne vois pas ma vitesse, mais je sens bien que je me traîne. Accessoirement, nous traversons les monts d'Arrée, et ça grimpe, cette saloperie !!! Les bornes ne veulent pas défiler, c'est interminable. Nous sommes désormais 3 compagnons de galère, avec un Angevin qui connaît Unidred. On cause gentiment pour ne pas craquer. La descente sur Brest nous redonne espoir, mais nous avons salement froid et un peu mal partout. La rade de Brest la nuit, c'est beau, on prend le pont, mais on nous fera encore tournicoter pas loin de 10 bornes avant le point de contrôle...
Je lâche mes camarades qui vont dormir deux heures dans un dortoir, et vais prendre ma chambre à l'hôtel, où une interminable douche chaude soulage mon dos. Je fais une vraie nuit de 6h, réveil à... 11h ! Petit déj' peinarde à l'hôtel, je prends mon temps et repars très requinquée. A Carhaix, néanmoins, je me fais masser le haut du dos et les genoux, et ... ça change ma vie ! Plus de douleurs !!! je le ferai désormais à chaque arrêt, tant pis si ça prend du temps de faire parfois un peu la queue. Je me ferai également décoincer les lombaires par un kiné, je me suis transformée en vraie mamie quand je descends de vélo, même si je ne sens rien quand je pédale.
Après Tinténiac, durant la 3ème nuit je rejoins un peloton d'Angevins avec une nana très sympa, Clarisse ; je les tracte en alternance avec un autre gars, puis me repose sur eux en arrivant sur Fougères. je leur demande si je peux continuer à rouler avec eux, et, devant leur accord, je ne m'arrête pas dormir à Fougères comme je le pensais, et je continue. Le soleil se lève mais je sens le sommeil venir, c'est dommage, ils roulent bien, ces quatre Angevins, et sont très organisés pour ne pas perdre de temps. Clarisse, dont c'est le 2ème PBP me dit que le coups de barre vient souvent à l'aube, et je l'expérimente en direct. Juste avant Goron, je les lâche à La Tanière, dans un endroit extraordinaire : un ancien PBPiste et sa femme, ainsi que leurs voisins, font des crêpes (avec de la confiture fraise-rhubarbe du jardin !), offrent le café, du riz au lait (de ferme, s'il vous plaît) et le sourire. Je me gave de crêpes et avise un panneau "dortoir"... En fait, ces gens ont un vrai sens de l'hospitalité et ont aménagé deux couchages !!! Je me retrouve seule dans une chambre, au calme dans un vrai lit moelleux, pour 2h de sieston matinal délicieux. Pour seul remerciement, ils demandent qu'on leur envoie une carte postale au retour...
Ces gens généreux me redonnent foi dans la nature humaine, et après un bol de riz au lait et un grand kawa, je remonte sur le vélo complètement euphorique. Je roule assez fort, à plus de 26km/h de moyenne jusqu'à Villaines-la-Juhel, où je croise DobHermann, des Gogos, qui fait l'assistance de Rafsang, le Gogo participant. Je décide de l'attendre avec lui, une bonne cinquantaine de minutes, mais ça fait un bout de temps que j'ai fait le deuil de mon RER, et DobHermann pourra me ramener sur Paname avec Rafsang dans la Gogomobile. Après une longue halte à Villaines, nous partons donc à deux et nous finirons le parcours à deux, ce qui donne un regain de vigueur à Raf, et me permet de lutter contre le sommeil. Nous avons un peu de vent dans le dos, et malgré l'arrivée de la nuit, nous continuons à appuyer vaillamment, d'abord avec des Finlandais redoutables sur le plat mais tortues en côtes, puis avec deux Danois qui finiront également avec nous. Dans un élan d'euphorie, je perds Rafsang qui finira par me rejoindre avant Dreux
Les noms sur les panneaux deviennent familiers ! Les bosses aussi ! C'est la Chevreuse, et je suis bien contente d'être en cannes, parce qu'elles en cassent plus d'un les petites salopes... Nous savourons les dernières bornes jusqu'au vélodrome, et voilou, c'est fini !!!
A l'arrivée, clamar nous offre un Crémant, c'est royal !!!
Et puis, on charge les vélos dans la gogomobile, je dors jusqu'à la Place de la Concorde avant de rentrer grimper mes 6 étages - à pied, oui m'sieurs-dames !