Les sacoches latérales surbaissées à l'avant conviennent parfaitement à un usage montagnard : la direction est bien plaquée au sol dans les côtes, et le volume des sacoches freine la descente avec leur prise au vent. Au mois de septembre j'ai pour la première fois été confronté aux limites de ce système sur un type de parcours que je n'ai pas l'habitude de pratiquer : le plat. Avec un petit peu de vent latéral ou de face, ces voiles peuvent aussi être un vrai frein et transformer la balade en épreuve.
Je me suis donc essayé à la sacoche de selle, le bagage à la mode. Moins de volume certes, mais suffisant pour emporter davantage qu'avec une simple sacoche de guidon. Pour le même usage, certains choisissent la sacoche de porte bagage arrière type Berthoud, qui a l'avantage de permettre une meilleure organisation du contenu.
Le système est bien pratique pour ranger les vêtements que l'on enlève progressivement au fil de la journée, et que l'on revêt à nouveau au crépuscule. On s'éloigne toutefois de l'esthétique classique.
Première balade avec ladite sacoche il y a un mois, récit fraîchement partagé chez les cyclos :
-----------
Départ du Mazel (Val d'Aigoual), en face de la filature. De jolis paysages en terrasses s'offrent à moi (Taleyrac ; La Valette). Les chasseurs sont de sortie, j'entends plusieurs coups de feu. Dix minutes plus tard, je croise un convoi avec un beau sanglier posé à l'arrière d'un 4X4, les pattes pendantes de part et d'autre de la plateforme attelée.
Le col des Vieilles me fait gagner rapidement en altitude et n'est pas sans me rappeler mes routes forestières du nord-est. Le ciel est dégagé et le rayonnement du soleil s'intensifie, mes couches de vêtements trouvent désormais leur place dans mes sacoches.
Je suis désormais au pied de la portion dont mes amis et collègues m'ont tant parlé : le col de la Lusette. Celui-ci culmine à 1350 mètres et comporte des passages à 15%. Par chance, la route est barrée en raison de l’enneigement, qui habituellement, empêche la circulation à cette période de l'année. Aucune voiture à l'horizon, je n'ai donc croisé que deux motards et 2 VTTistes. Le paysage grandiose m'incite à prendre mon temps, et l'effort m'oblige à multiplier mes pauses dans les lacets. À l'arrêt proche du sommet, je trouve un smartphone (récent et de bonne facture) en contrebas de la route. Il devait y être depuis quelques jours. J'essaie le code 1234, erroné. Puis 0000, c'est le bon ! Je l'ajoute à mes bagages, dans le but de le déposer en mairie le soir même, en envoyant un petit message à un des contacts.
Passé le sommet de la Lusette, la route ombragée menant à l'Espérou présente un enneigement partiel. La vigilance est de mise pour ne pas déraper, surtout en descente. Certaines parcelles forestières ont été martelées récemment par l'ONF, me rappelant avec une once de nostalgie ces longues journées au cours desquelles j'effectuais cette tâche en tant qu'apprenti. À l'horizon, je distingue les sommets enneigés des Alpes.
Passé l'Espérou, je me dirige désormais vers l'Observatoire du Mont Aigoual. Halte au col de la Serreyrède pour y trouver une fontaine : "Ces montagnes t'ont gardé cette onde voyageuse. Accepte-la et bois sans hâte en craignant sa fraîcheur extrême". Plus loin, la station de Ski Alti-Aigoual m'offre un drôle de spectacle pour un mois de janvier à 1400 mètres ! : un défilé de voitures cherchant une place, une pauvre bande skiable maintenue artificiellement pour quelques luges, de la musique de toute part et des familles en t-shirt. Quelle cacophonie !
Trois voitures de police sont postées sur le dernier carrefour, contrôlent-ils les pneus neige ? Arrivé à l'Observatoire, il est environ 15 heures. Je prends le temps de contempler le panorama à 360° puis je me trouve un coin de verdure accueillant, surplombant le sentier des 4000 marches. J'ouvre à nouveau les yeux une bonne demi-heure plus tard. Il est l'heure de rejoindre mon point de départ, le Mazel, avant la tombée de la nuit.
J'emprunte l'ancienne départementale encerclant le sommet, devenue voie verte. Les plaques de neige et de glace sont nombreuses, m'obligeant à prendre ma trajectoire dans le bas-côté ou à mettre pied à terre. Les derniers rayons de soleil jouent avec les feuillages persistants des résineux, laissant peu à peu place à l’obscurité et au froid.
Plus de photos :
https://www.cyclos-cyclotes.org/forum/viewtopic.php?p=76079#p76079