Mystère du pont MAFAC dévoyé dans un univers supposé régulier

Question un peu maniaque qui me hante, mais je sais que je suis en bonne compagnie ici, donc je me lance :D

Sur le pont de fixation d'un frein à tirage central genre MAFAC, le câble de freinage est tenu perpendiculairement au câble de pont. Le pont est ouvert au milieu pour laisser passer cette extrémité de câble de freinage. C'est pratique et la manœuvre est simple. Pourquoi alors voit-on autant de freins où on s'est torturé l'esprit et le gogo spectateur maniaque à faire passer le bout du câble de freinage de coté ? E.g. comme sur la superbe randonneuse de Mme Body.



Toujours pris d'une irrépressible envie d'aller remettre ce câble là où l'univers commande qu'il soit. Y a-t-il une raison à cette étrange pratique ? Jean75 disait qu'un vélociste parisien s'attachait à cacher l'extrémité du câble derrière le pont. Ca je peux comprendre. Mais le tordre... pourquoi ? Pourquoi bon sang ?

(Soyez rassurés. Pour l'instant, ça va; j'arrive à dormir encore la nuit, mais c'est tout juste...)

J'y vois deux explications plausibles, l'une correspond à  une manoeuvre de facilitation technique, tandis que la seconde a des motivations qui obligent à aller consulter un certain Sigmund.

La première découle du fait que, premièrement, il est plus facile de tendre un câble  quand la main et l'avant-bras bénéficient d'une  grande liberté de mouvement. Donc sur un champ latéral et non dans l'axe de la roue. Et deuxièmement, le calage  provisoire du câble, avant le serrage définitif, sera plus efficace avec un angle au-delà des 90° sur le boulon de serrage du pont Mafac. De plus, l'action rotatoire de la clé plate accentuera cette  courbure. Au final, on aura une portion terminale  de câble angulée  qu'il ne sera pas aisé de détordre.

Quant à la deuxième explication, elle transcende les interdits dictatoriaux du surmoi. L'artiste mécanicien verra ses  impératifs  pulsionnels sublimés en une oeuvre simulant un  priapisme ostentatoire. L'appendice  sera  arboré  fièrement , plutôt  que discrètement introduit dans l'entrejambe d'un pont Mafac.

Peut-être juste pour pouvoir sortir le cable pontet plus facilement?

+1 avec Saman

Histoire d'apporter mon gravier à l'édifice, je dois avouer "surkiffer" (pour causer d'jeun' ...) la double explication de jfpvaucluse ...

En complément, je rappellerai que les premières générations des pontets Mafac n'étaient pas ouverts sur l'arrière. J'en connais en tout cinq versions dont les quatre dernières sont illustrées ci-dessous :



La plus récente (années 70-80) est celle de droite : gravure "MAFAC" en italiques, arrière ouvert au centre,
à sa gauche, la même, mais gravure "MAFAC" droite (années 60-70)
à sa gauche, arrière fermé au centre, gravure "MAFAC" droite (fin années 50 et début 60s)
enfin tout à gauche, la version de la fin des années 40-début des 50s : le pontet forme un U fermé par le boulon, marqué "MAFAC" d'un côté et "Bté SGDG" de l'autre.
La version la plus ancienne (non illustrée ici) est identique à cette dernière mais gravé "SECURITE" à la place de "MAFAC" (1946).

Seules les 2 versions les plus récentes (à droite de la photo) pouvaient voir le câble passer tout droit, je suis donc tenté de penser que tous ceux qui avec les premières versions avaient pris l'habitude de router le câble sur le côté ont continué ensuite !

D'ailleurs Jean-François, les premiers modèles fermés plus jolis, sont plus difficiles à manipuler

Par curiosité, j'ai vérifié le montage sur la mienne, et:





Ce doit être la soixantaine qui ne justifie plus ces ardeurs   et par la même occasion je vois que ces fameux pontets sont plus anciens que le reste du vélo

Une mine d'infos notre Prosper

Ça montre qu'ils ont su s'améliorer au fil du temps
Je trouve que c'est quand même plus pratique avec l'ouverture pour laisser passer le câble
Même si c'est parfois chiant pour extraire celui dans le pont; d'où l'angle droit du câble de frein pour libérer l'espace

Jfp, plus jamais je ne regarderai ces ponts de la même façon. Ta brilliante hypothèse suffit à assurer mon sommeil. Merci de tout coeur !

Même constat, Merops, ces premiers modèles sont jolis, mais quand tu te retrouves à devoir les bricoler le long de la route, les mains engourdies, c'est d'un rageant... Surtout la rondelle qui vient se mettre en travers et empèche le cable de sortir. Je comprends mieux pourquoi on les retrouve remplacées sur d'anciennes machines (alors que, bon, c'est quasi indestructible ces petits machins).

Merci Prosper pour cette comparaison illustrée. ;)

Intéressant !

En tout cas, sur le vélo de Bernard T., le bout de câble ne dépassait pas non plus

[img][/img]

Merci à vous, pour ce bon morceau d’explication, je ne m’agacerais plus en les retendant le câble!