Balade des pendus (Au Carrefour de l’Arbre)
François Villon & Rocky Volcanos (sur un air de « la Ballade des pendus »)
Frères pédards, qui auprès nous courrez,
N’ayez les coeurs comme pavés durcis,
Car, si pitié de nos fesses avez,
Robur en aura tôt de vous mercis.
Vous nous voyez si secoués ici :
Quant à la chair, que trop avons nourrie,
Elle est piéça brinquebalée sans vie,
Et nous, les os, sommes charbon en poudre.
De notre mal de dos nul ne s’en rie ;
Mais soyez sûrs que tous veuillent en découdre !
Se frères vous gueulons, pas n’en devez
Ronger vos freins, quoique sprintant occis
Par fatigue. Toutefois, vous savez
Que tous battus sur selle sont rassis.
Excusez-nous, puisque sommes transis,
Envers les fols vélocipèdes Ch’ti,
Que leur graisse ne soit pour nous salie,
Nous préservant de l’infernale foudre.
Presque morts, par vile boue en charpie,
Mais au soir boyaux seront à recoudre !
La pluie nous a peau et cuir lessivés,
Et le soleil desséchés et noircis.
Pire, silex nous ont les pneux crevés,
Et barbes plus que ne sont noirs terrils.
Jamais nul temps nos âmes n’ont fléchi
Puis çà, puis là, comme Bise varie,
A son plaisir sans cesser nous charrie,
Plus voit à l’oeil en source larmes sourdre.
N’ayez nenmains peur de notre confrérie ;
Mais priez bien l’Arbre de nous absoudre !
Ptite Reine, qui sur tous a maistrie,
Garde qu’Enfer n’ait de nous veulerie :
A nous ses francs mystères de résoudre.
Velocemen, nulle ici moquerie ;
Mais priez bien l’Arbre de nous absoudre !
François Villon & Rocky Volcanos, Poésies d’averses